mercredi 7 décembre 2011

Dans le désert...

Le désert qui s'étend jusqu'à perte de vue...un soleil de plomb. Au loin une locomotive qui avance lentement, chargeant une centaine de wagons. Peu de trafic, deux voitures sont passées dans la dernière heure. Nous ne sommes plus que deux, deux barbus perdus dans le désert. La situation est intéressante mais sur le moment nous sommes envahis par le doute. La beauté de l'auto-stop réside dans ce doute, cette attente désespérée sur le bord de la route, cette espoir de voir une voiture s'arrêter... L'expérience nous apprend á patienter car quelque soit le lieu, il y a toujours quelqu'un qui s'arrête, ce n'est qu'une question de temps. Et ce moment là, quand nous entendons les freins s'actionner contre les pneus, ce moment là se transforme en une célébration, le véritable fruit de l'attente, un pur moment de bonheur.


Le voyage se complique un peu, nous sommes deux hommes barbus sur les routes du Nord du Mexique. Nous attendons beaucoup...mais parvenons toutefois á nos destination. Nous traversons le désert de San luis Potosi lentement mais sûrement en attendant prés de 5 heures dans une station essence jusqu'au moment où un jeune homme s'approche pour nous dire qu'il ne peut pas nous emmener mais qu'il peut nous donner un joint. Ironie du sort...nous ne fumons pas. Notre réponse le surprend et lui donne confiance...il accepte finalement de nous emmener jusqu'à Zacatecas, á 200 km de là. Il nous laisse dans station essence où nous campons pour repartir sur la route le lendemain en direction de Durango. Un camionneur très intéressé par ce que nous faisons nous offre quatre "gorditas veganas", petites crêpes de mais avec des frijoles et le ventre plein nous commençons notre odyssée. Ce ne sont que 300 km mais nous apprenons que ces routes là sont les plus dangereuses du pays...personne ne s'arrête, nous faisons peur et il nous faudra la journée entière avant d'arriver á durango. Nous restons chez Pedro, un "chicano", mexicain né aux Etats-Unis qui s'est installé dans cette ville peu connue mais agréable. Nous partons le lendemain, pressés d'arriver jusqu'à la cote.



Encore une fois, les gens ont peur et la seule voiture qui s'arrête est un ancien Narco, commanditaire d'une branche du cartel de Sinaloa qui nous emmène dans les montagnes sur la route de Mazatlan. Il est très sympa et nous raconte son histoire, ses déboires et sa prise de conscience. Sa vie de Narco était un véritable suicide et il en remercie á Dieux et plus particulièrement l'église cubaine, aujourd'hui d'en être sorti et de pouvoir se consacrer á sa famille. Il confirme que les cartels du Sud ne s'attaquent pas aux civils et que nous n'avons rien á craindre en tant que touristes. Il nous dépose á l'entrée de "l'espinazo del diablo", une chaîne de montagne qui sépare la cote du reste du pays...200 kilomètres de routes sinueuses...Nous attendrons presque 6 heures dans un petit village...il y a du traffic mais personne ne veut s'arreter. Nous sommes complètement désespérés quand une camionnette s'arrête alors que le soleil est sur le point de se coucher.

Récompense de notre longue attente, nous nous allongeons á l'arrière du "pick-up" et profitons d'un spectacle unique. Ces montagnes sont splendides, un paysage indescriptible qui s'offre á nous sous la lumière rougeâtre du soleil couchant...nous sommes en extase, dévalant la montagne á vive allure jusqu'à ce que les étoiles illuminent le ciel. Les jeunes qui conduisent sont très sympas et vont directement jusqu'à Mazatlan. Ils nous déposent dans la zone hôtelière.

Nous marchons deux heures pour trouver un cyber et des couchsurfers pour finalement terminer sur la plage. La ville est immense et peu accueillante. Cependant, les gens sont sympas, très humbles et serviables. La nuit suivante nous recyclons de la nourriture, dormons chez les pompiers et pouvons nous reposer. Yazmin, une mexicaine de Puebla s'est joint á l'aventure pour monter jusqu'en Californie avec nous. Nous sommes trois de nouveau et nous espérons avoir un peu plus de chance au stop! Nous marchons et marchons encore le lendemain jusqu'à la sortie de la ville pour faire du pouce...nous arrivons au péage et nous faisons l'une des plus belles rencontres de ce voyage. Osvaldo et Samuel, deux jeunes de 19 ans qui vont jusqu'à hermosillo. Samuel est le chauffeur du camion et Osvaldo son cousin. Il est "en cavale" car il a planté un gars qui menaçait sa famille á Guadalajara et ils veulent maintenant le tuer. Sa prise de conscience est impressionnante. Il a quitté l'école á 12 ans mais semble avoir beaucoup appris en chemin. Il est très croyant et cherche son chemin avec foi. La nuit venue, nous dormons dans une station essence...sans s'imaginer que vers 1 heure du matin, une pluie torrentielle s'abattrait sur nos tentes. Nous plions nos affaires en deux trois mouvements et nous mettons á l'abri pour terminer notre nuit sur le sol froid de la station essence. A quatre heure nous repartons avec nos deux amis...crevés, nous sommes cependant heureux de parcourir ces mille kilomètres en si bonne companie.

Ils nous déposent dans la capitale de l'état de Sonora, Hermosillo. Là encore, nous devons marcher une bonne distance pour trouver la station de pompier...Alors que nous déambulons dans cette ville "quadriculaire" un jeune s'arrête au volant de sa voiture et nous crie "A donde van Cabrones". Daniel est un voyageur, architecte vivant chez ses parents il nous invite sans hésiter á manger chez lui. Ses parents ne s'effraient pas en nous voyant débarquer et nous accueillent bras ouverts en nous offrant de dormir chez eux. Nous mangeons comme des rois et dormons comme des bébés...le lendemain, Daniel nous dépose au péage. Nous n'en revenons pas, tant de gentillesse sans que nous n'ayons rien demandé. Une leçon de vie...se laisser porter par le destin et vivre intensément chaque instant.

Nous passons un barrage de militaires qui contrôlent tout le monde en recherche d'armes et nous parvenons jusqu'à Santa Ana. Nous sommes de nouveau á l'entrée du Désert de Sonora. Un premier camion s'arrête avec deux jeunes sympas mais complètement drogué qui ne peuvent s'empêcher de faire de mauvaises blagues alors que nous passons á un contrôle des fédéraux.

Ils nous laissent á un péage pas très loin de là. La nuit s'approche et nous pensons á se coucher quand Marcos s'arrête au volant d'un camion énorme. Il va jusqu'à tijuana.

Ces derniers jours furent très intenses, nous avons oscillés entre les moments de bonheur et de fatigue...visitant les extrêmes...Marcos est génial et nous dormons dans son camion pour se réveiller en plein désert, contemplons les dunes de sables qui s'étendent jusqu'à la mer. Le spectacle est splendide et nous permet de supporter la faim. Nous attendons plusieurs heures á un autre contrôle militaire pour finalement arriver dans la nuit á tijuana...Exténué et le ventre creux...une habitude. Nous sommes en banlieue et il fait nuit noire...il nous reste 20 kilomètres avant de pouvoir se reposer...nous trouvons une maison abandonné et nous y installons...Quelques jeunes nous lancent une bombe aérosol en feu et nous sursautons un bon coup, mais au final nous pouvons dormir sans problèmes et le matin même nous obtenons un "ride" d'un bus qui nous dépose au centre ville.

Nous restons quelques jours dans la bodega d'une amie pour se reposer puis nous dirigeons tranquillement vers la "linea", frontiére avec les Etats-Unis.

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