C'est toujours lorsque les choses paraissent plus difficile que l'on peut trouver les meilleures alternatives. Nous avons tout essayé pour traverser directement du Honduras au Belize pour éviter de payer de nouveau à la frontière du Guatemala. Parfois, les choses sont plus simples que nous pensons. Ainsi, un peu dépit et avec la peur de devoir utiliser de nouveau de l'argent nous avons fait du stop pour rejoindre la frontière. Très facile, le Honduras devient dans nos coeurs le pays le plus accueillant et le plus ouvert au pouce! A la frontière, nous chargeons nos paroles de bonne volonté et nous contons notre histoire à l'officier des douanes. Il écoute patiemment avec un sourire qui s'agrandit au fur et à mesure que nous avançons. Très simplement, il prend son téléphone, passe un court coup de fil et nous annonce devant nos visages ébahis qu'il peut nous donner une exemption. Si tous les officiers de douanes était comme lui nous pourrions sûrement voyager pour le monde entier sans dépenser un centimes, cet instant peut paraître insignifiant mais il représente une importante bouffée d'espoir pour nous. Un jour peut-être, les frontières s'ouvriront de nouveau et nous pourrons effectivement se déplacer librement sur notre terre.
Rapidement, nous trouvons deux guatémaltèques très sympathiques qui nous emmène à Puerto Barrios. Cette ville côtière semble tranquille, l'ambiance est très relax, légèrement différent du Honduras, les visages sont différents, plus indiens, une forme plus arrondie et des regards intéressés. Nous sommes de retour sur la route la moins empruntée, les touristes ne s'aventurent que très rarement par ici. Nous demandons un restaurants si nous pouvons cuisiner quelques légumes qu'on nous avait offerts et sans problèmes nous nous offrons un bon repas. Ensuite nous nous dirigeons vers le port pour voir nos options. Il est 17h et l'office de transport est fermée, nous repasserons le lendemain à "el chato" pour proposer notre offre! Sans même y réfléchir nous allons vers la station des pompiers. Les derniers mois furent beaucoup plus confortable avec l'arrivée des filles. Les pompiers sont si ouverts en Amérique latine qu'il est bien plus confortable et facile de voyager sans un sou! Encore une fois, ils nous accueillent chaleureusement et nous laisse dormir dans un chambre 5 étoiles avec salle de bain! Nous pouvons nous reposer avant le jour J! En effet, ce saut de puce entre le Guatemala et le Belize représente la dernière difficulté sur la route de Cancun!
Dans la nuit, nous faisons un petit tour et découvrons la communauté noire de la ville, ils sont tous très sympathiques et nous sentons la différence avec le reste de la population. Ils sont encore plus détendus et lorsqu'ils voient deux étrangers marcher dans leurs rues il n'hésitent pas une seconde pour nous interpeller et entamer une discussion. SI nous étions sans foyer ils nous auraient sûrement invité à dormir chez eux! Nous recyclons un peu de pain dans une boulangerie communautaire où nous sommes surpris par la capacité des habitants du quartiers à attendre. Toute une foule s'était groupée autour de la boulangerie en attendant que le pain sorte des fours. Patience, tous attendent calmement, sans stress…surréel pour des yeux européens. Je n'ose pas imaginer la scène dans une boulangerie parisienne! Plus tard, nous nous faisons inviter dans un restaurant mais les propriétaires sont incapables de nous trouver quelque chose de végétarien, nous essayons dans un autre endroit et dégustons quelques légumes. Une table à côté a entendu notre discours et nous faisons donc la connaissance d'une professeur qui insiste pour que nous venions dans son hôtel le lendemain pour déjeuner et rencontrer deux de ses étudiants.
Nous dormons magnifiquement et nous dirigeons de bon matin au travers des rues surpeuplées de la ville jusqu'à l'Hôtel. Nous rencontrons les deux étudiants et dégustons un délicieux petit déjeuner comme nous n'en avions pas eu depuis le Maroc! De plus, elle s'était permis de contacter la presse locale et nous voilà pris dans une spirale d'interviews et de questions. Tous ensemble nous allons jusqu'à l'office "el chato" oú nous trouvons une âme généreuse qui accepte sans poser de questions de nous laisser passer gratuitement! Très simple…un passage à la douane où le reporter nous avait déjà arrangé la sortie du pays sans payer de taxe. Les douaniers sont enchanté de cet évènement hors du commun. Rien de plus facile, nous aurons passé à peine 24 heures au Guatemala! 24 heures qui ne furent malheureusement pas innocente et en si peu de temps nous avons eu l'occasion de mesurer le danger réel qui mine ce pays. En effet, beaucoup parle du Guatemala comme un pays en crise avec beaucoup de violence. De fait, durant notre court séjour, nous avons été entouré de nouvelles tristes. Au réveil, le pompiers nous annoncent la mort de deux personnes dans le quartier dont une décapité par un coup de machette. A la sortie, nous avions vu un mort sur la route entouré de policiers et d'une foule curieuse, et alors que nous faisions une interview, la journaliste reçoit un coup de fil et apprend la mort de son grand-père, assassiné le matin même dans sa ferme. Ces nouvelles nous font sortir de notre bulle, l'humain est bon, notre voyage en est la preuve mais beaucoup de coeurs sont pervertis par ce système injuste et chaque jour la violence grandit dans notre monde.
La traversée est facile, un petit peu de pluie alors que nous nous protégeons tous dans l'embarcation et puis nous voilà au Belize. Nous nous sentons si près de Cancun! De retour dans les caraïbes, l'ambiance est si agréable que l'on se laisse porter par le flow. La population est majoritairement noire et parle anglais, un anglais très drôle qui nous fait sourire à chaque fois! On se croirait au Guyana, même sentiments et les gens que nous rencontrons sont eux aussi très ouverts, sociables, sans peurs. Nous avions rencontré une femme dans la barque qui nous présente le responsable d'une petite organisation qui s'occupe d'installer des toilettes sèches et donne des cours aux populations indigènes pour planter leurs propres légumes. Nous recyclons un peu de pain qui nous ait offert par une charmante et adorable femme. Ensuite nous nous mettons de nouveau sur la route pour rejoindre la capitale. Il nous reste un obstacle: la frontières et les 35 dollars que tous les touristes doivent payer. L'auto-stop au Belize ne pose pas de problème et nous arrivons dans à Belmopan, la capitale artificielle qui fut installée loin de la côte à cause des ouragans. Il y a à peine 10 000 habitants et la plupart travaillent pour le gouvernement. Nous peinons à trouver un endroit pour dormir, les pompiers sont installés dans un garage, la croix rouge est trop loin et fermée, l'hôpital trop petit et personne pour nous renseigner…nous allons à la police pour demander de l'aide et pas chance nous parvenons à rentrer en contact avec une volontaire de la croix rouge qui est aussi institutrice et nous propose de dormir dans sa classe! La police nous y emmène et nous pouvons dormir au sec et à l'abri de tout danger!
Les filles ne se sentent pas très bien, depuis cette infection au Honduras, elles souffrent encore de l'estomac et nous allons voir le docteur qui nous avait pris en stop la veille. Il est très sympa et nous donne un laisser-passer pour que nous puissions consulter un docteur. Les filles sont ravies et en prime elles reçoivent des médicaments pour se soigner. Ensuite, nous cherchons l'administration qui s'occupe des frontières et des taxes touristiques. Après avoir déambulé dans plusieurs bâtiments nous toquons finalement à la bonne porte et nous rencontrons une femme géniale qui accepte de nous aider. Elle donne une bonne dizaine de coup de fil puis nous annonce soudain qu'elle peut nous offrir une exemption pour les quatre. Elle envoie un fax à la frontière et nous dit que nous avons juste à nous présenter là-bas. Tout est plus simple avec les petites république. En effet, moins de 400000 habitants, il est plus simple de parler avec les personnes de pouvoir. Après le Guatemala voici le Belize qui accepte notre demande…quel bonheur, nous nous rapprochons de notre rêve et nous sommes heureux de pouvoir conter cet bonne nouvelle! Les frontières avaient été les seuls obstacles à notre voyage sans argent! Nous recyclons un peu de nourriture et repartons illico sur la route en direction de Belize City, l'ancienne capitale où la majeure partie de la pollution est concentrée.
La ville est intéressante, une ambiance relâchée, nous marchons dans les rues appréciant les maisons de bois et le sourire des gens. Une charmante vielle femme nous invite à manger du riz avec des haricots et nous allons voir le journal local…nous essayons d'obtenir un article mais nous attendons une heure avant que quelqu'un nous emmène jusqu'au bureaux qui ont fermé entre temps! Relax! Nous essayons de parler avec les pompiers mais le capitaine refuse…les gens de la croix rouge sont beaucoup plus sympas mais ils n'ont pas trop d'espace et hésite à nous laisser dormir dans les offices la nuit pour des raisons de sécurité. Par chance, Raphael a un ami dans la ville et nous rencontrons Alejandro qui s'occupe de nous pour la soirée, un délicieux repas et un repos bien mérité! Le lendemain, nous passons à la télé locale puis nous nous faisons du pouce à nouveau. Nous traversons le pays en très peu de temps avec juste le temps de voir les immenses champs de cannes à sucre et de palmiers. Nous n'en apprenons que très peu sur le pays, les gens ne semblent pas très intéressés. Tous est si petit, c'est comme un grande famille, ils s'aident entre eux acceptant une sorte de corruption familiale qui ne semble injuste que pour ceux qui viennent d'ailleurs. La situation économique est sensible mais personne n'est capable de nous donner une explication claire à ce sujet. Tous se préoccupe plus de l'instant présent et comment profiter au maximum.
Nous atteignons donc la frontière sans problème, nous montrons nos passeports et tout es arrangé, pas de tes, pas d'argent…nous ne faisons que passer et nous voilà au Mexique! Difficile de décrire cet instant. Difficile même se sentir les choses sur le moment, un an auparavant, nous rêvions de cet instant en le voyant si loin..presque impossible et aujourd'hui nous y sommes, au Mexique, à la porte de nos rêves. Tant de route, tant de véhicules et de visages qui ont croisé notre chemin. Tant d'histoires et de moments uniques, tant d'espoir en l'humanité qui se concrétise…nous y sommes, merci à la vie, merci à tous, merci à vous. Nous sommes le changement!
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