mercredi 19 janvier 2011

Pura Vida in Costa Rica


Entrée toute en douceur au Costa Rica avec nos visages pâles et nos passeports rouges...nous marchons au travers de la frontière, nous obtenons nos tampons, doux sourire aux douaniers et nous voilà de l'autre côté, facile...trop facile. De même qu'au Panama, l'auto-stop s'avère très facile...nous n'attendons que quelques minutes avant qu'une voiture s'arrête avec deux jeunes blonds et nous emmène jusqu'à la prochaine ville, Neilly. a peine arrivé, une pluie violente s'abat sur la ville et nous nous réfugions dans un restaurant où la responsable n'hésite pas pour nous offrir à chacun une salade. Au dehors, c'est un vrai déluge, les rues se transforment en rivières...nous patientons un peu puis nous nous baladons en ville pour se faire offrir une pizza et du vieux pains...Le Costa Rica nous fait la fête et nous nous mettons immédiatemment en route pour terminer très vite à Golfito, un petit port situé sur la côte pacifique. La nuit tombée, nous nous présentons devant les pompiers qui nous recoivent avec de larges sourires et nous offrent une chambre digne d'un hotel 4 étoiles avec 4 lits, une salle de bain et de la musique...explosion de joie dans les rangs, les filles sont aux anges. Nous discutons beaucoup avec eux, heureux de nous avoir accueilli ils nous offrent même à chacun une chemise avec le blason des pompiers de Costa Rica. Golfito est un village charmant...nous profitons de l'air doux de l'océan et du soleil interrompu régulièrement par des pluies diluviennes...L'ambiance est détendue, nous recyclons dans les petits restaurants puis après deux jours de repos bien mérité nous repartons sur la route.


La nature est magnifique au Costa Rica et avec une saison des pluies qui s'est étendue sur plus de la moitié de l'année, le vert des arbres scintille. Nous arrivons très vite à Domenical, un petit village de surfer sur la côte. Beaucoup de touristes et des esprits ouverts...une auberge de jeunesse tenue par une famille espagnole accepte de nous héberger pour deux nuits en échange de quelques petits travaux. Nous portons une bonne cinquantaine de rondins de bois au premier étage pour payer nos deux nuits dans ce lieu très humide...puis la pluie s'abat de nouveau, d'une force impressionnante...et elle ne s'arrête pas jusqu'au lendemain. Tout l'endroit commence à s'inonder..nous décidons de braver les éléments et de partir malgré la pluie. Difficilement, nous parvenons à faire du pouce jusqu'à un abri bus au milieu de nulle part...nous y passerons l'après midi priant tous les dieux pour que quelqu'un s'arrête. La faim ronge nos estomacs et la pluie ne cesse pas...le décors est splendide, une brume épaisse envahie les alentours...et finalement un camion s'arrête au loin. Nous courrons jusqu'à lui et profitons de sa chaude cabine pour aller jusqu'à Jaco. Arrivé dans cette ville touristique nous en profitons pour recycler un peu de nourriture, nous rencontrons un argentin sympa qui vient juste d'arrêter de manger de la viande à cause de l'empreinte virtuelle de l'eau! La pluie ne s'arrête pas, 48 heures non-stop. Nous nous réfugions dans une station de pompiers pour la nuit.
Jaco est une ville envahie par les américains. Ils viennent ici pour leur vacances parce que le Costa Rica est l'un des pays les plus sûrs d'Amérique Centrale et que la plupart des gens ici parlent anglais. Des casinos et des discothèques ont poussé dans tous les coins...tristes histoires de prostitutions avec les jeunes de la région et d'immenses résidences et hotels abandonnés en cours de construction à cause de la crise immobilière de 2007. Les américains ont choisi Costa rica comme petit paradis pour se retirer; quelques uns ne viennent que pour les vacances laissant leurs appartements vides pour le reste de l'année et beaucoup ont tout simplement choisi cette destination pour s'installer loin des tracas de la vie super capitaliste aux Etats-Unis. Près de Domenical, nous en rencontrons beaucoup, ils ont acheté des propriétés en plein milieu de la nature pour tenter de vivre d'une manière plus harmonieuse en faisant de la permaculture. L'endroit est en effet un paradis, un climat parfait, beaucoup d'eau et de soleil, tout pousse par ici...de belles plages pour se détendre et faire du surf. nous rencontrons par exemple une charmante mère qui était stripper à Miami pour économiser assez d'argent et venir vivre ici...elle a emmené ses deux filles qui grandissent sans écoles, libres et ouvertes au monde.
Au petit matin, nous laissons nos pompiers puis repartons sur la route. Les "ticos" (costaricains) sont très aimables, généreux, tous nous donnent de la nourriture...et dès que la pluie s'arrête enfin, le pouce devient facile...à croire que les voyageurs mouillés font plus peur...Après avoir "recyclé" un merveilleux petit déjeuner nous sommes emmenés sans difficultés grâce à nos deux championnes de l'auto-stop jusqu'à San José. Un camionneur un peu fou qui travaille 7 jours sur 7 nous déposent près du centre. Nous nous baladons dans la ville quelques heures avant de retrouver nos amis de couchsurfing qui vont nous heberger pour quelques jours. Rien de tel que couchsurfing dans ces moments pour rencontrer des gens ouverts et se reposer. San José est intéressant...différent des autres capitales latines...Costa Rica est de fait assez différent, moins de corruption, une classe moyenne importante, une conscience écologique surprenemment élevée...

Tout commenca avec les espagnols...les terres du Costa Rica n'étaient pas aussi attirantes que celles des pays voisins, moins de mines...peu d'or...ainsi les riches propriétaires ont dédaigné ce petit pays et ce sont les ouvriers et paysans de la classe moyenne espagnole qui y sont venu s'installer. Ils commencèrent à fonder une société plus juste où tous travaillaient. Aucun sytème feudal...plus de liberté et une certaine égalité qui expliquent l'histoire de ce pays particulier qui depuis 80 ans n'a pas connu de conflits ni de révolution sanguinaire ou de coup d'états militaires. L'armée a été supprimé il y a 60 ans. La grande majorité appartiennent à la classe moyenne et possède assez de ressources pour vivre bien. L'éducation est gratuite, le taux d'analphabétisme est très bas, moins de 3% de la population, la conscience écologique est bien plus élevée, recyclage, peu de déchets dans les rues ou sur les bords de route et des tentatives sérieuses du gouvernement pour éduqué son peuple. Tout n'est pas rose non plus, une certaine égalité mais les salaires varient tout de même entre 300 dollars jusqu'à 2500 dollars par mois. En moyenne, le salarié moyen gagne entre 60 et 800 dollars. Pas d'armée mais les Etats-Unis prêt à intervenir en cas de soucis, le pays exporte énormément de fruits, café et huile de palme..tout est produit d'une manière peu éthique et peu écologique pour satisfaire les standards européens et américains, une discrimination forte envers les populations noires de la côte Caraïbe...jusqu'en 79, ils étaient interdits de circulation au centre du pays. Au niveau politique, le pays est controlé par les familles cafétières, la famille Arias. Pas mal d'histoires de corruption, controverses financières et aucune opposition laissent penser que le pouvoir n'est pas au mains du plus démocratique. Le peuple ne proteste pas pour autant...on n'y va si mal, pourquoi sortir dans les rues?


Nous passons quelques jours à San José, le recyclage de nourriture est difficile...la plupart du temps, le gérant n'est pas là où il n y a pas de restes. Nous profitons de la cutlure Costaricaine grâce aux adorables Rafael et Hellen qui nous invitent à l'intérieur de leur cercle d'amis. Nous y découvrons toute une gamme de personnes appartenant à cette classe moyenne, satisfaits, travaillant dur mais qui s'en sortent et s'en félicitent. Ils sont tous concernés par l'environnement en essayant de contribuer à leur facon. Le problème est que bien souvent ils ne savent pas quoi faire concrètement. La ville n'est pas vraiment jolie...nous n'y passons que très peu de temps et après une courte interview avec la télé du campus nous faisons du pouce pour sortir de cet enfer de béton. La première voiture est celle de Juan, un directeur de théâtre qui insiste pour nous emmener directement chez lui et nous offrir un chaud diner végétalien...Raphael et Benjamin ont en effet pris la décision de devenir "vegan" pour se rapprocher encore plus près de l'harmonie avec la nature et refuser complètement de supporter les industries d'exploitation animale. Après une nuit fraiche dans les montagnes nous repartons pour tenter de rejoindre le fameux volcan Arenal. Sur le chemin nous profitons de l'extrème gentillesse des "ticos", le pouce n'a jamais été aussi facile, nous dormons dans les statins de pompiers ou avec la croix rouge...Une adorable jeune femme nous invite à manger chez elle et nous donne l'opportunité de se laver dans un ruisseau...puis nous arrivons soudainement en face du volcan Arenal qui s'élève majestueusement en fumant légèrement. Le paysage est magnifique, on s'en approche grâce à la générosité du propriétaire du parc puis nous repartons sur la route.

Le destin nous emmène tout droit vers le Rio Azul, une rivière mystérieuse créé par différentes eaux volcaniques qui, en se mélangeant, deviennent bleues turquoises. Nous prenons un bain dans les eaux thermales naturelles aux odeurs de souffres en plein jungle et passons la nuit au frais. Les habitants de cette région sont tous adorables...plus proches de la nature. Nous rencontrons Nelson, un fermier qui nous donne beaucoup d'énergies positives avant de nous laisser à un croisement. Il a passé sa vie à déforester pour faire de l'agriculture et il a maintenant décidé de consacrer son temps à reforester ses terres pour que les animaux puissent à nouveau y pululer. Touchant. Nous continuons notre route en découvrant la folie des ananas. Dans les champs qui s'étendent à l'infini des "cosmonautes" aspergent les plantes avec des produits toxiques.


Le destin nous met sur le chemin de José, un producteur d'ananas qui nous expliquent tous ce que nous devons savoir. Nous découvrons que la reine des fruits avec sa belle couronne est à la source dun désastre écologique et social ici au Costa Rica. Les principaux responsables sont les Européens et les Américains qui veulent avoir de beaux ananas tout propres, sans tâches sur la couronne. Les producteurs doivent donc s'aligner à cette demande et ils utilisent des tonnes de pesticides, insecticides et ferilisants pour que les ananas puissent pousser en neuf mois, d'un format bien spécifique. Nous sommes tous connectés...chaque fois que nous achetons un ananas au supermarché nous en oublions souvent le parcours, nous ignorons les trois semaines de voyage dans un contenaire réfrigéré, les dizaines de contrôle et les enfumage répétitifs avec des produits hautement toxiques. Dans les champs, les travailleurs, bien souvent des immigrés du Nicaragua, passent leurs journées au soleil respirant les gaz toxiques pour seulement quelques dollars. Les terres s'appauvrissent à chaque récolte et ils faut déforester toujours plus...Le pire dans tout ca c'est qu'une grande partie de ces ananas finiront dans la poubelle...Devenons conscient de prix écologique et social de nos caprices exotiques...
Après cette triste histoire, nous nous rapprochons du Nicaragua...nous passons notre dernière nuit avec les pompiers dans un petit village et nous nous préparons à dire au revoir aux "ticos". Ils furent tous géniales avec nous...ce pays est définitivement l'un des plus beau que nous ayons traversé, des paysages magnifiques, propres...beaucoup de diversité et des gens adorables...Pura Vida! "Ticos" et "Nicas" sont comme des frères, ils ne peuvent s'arrêter de se titiller. Dernier conflits en date, la frontière et une rivière qui sépare les deux pays. Les journaux annoncent la guerre avec des photos truquées de déploiement militaire! Certain disent que les gouvernements de chaque pays utilisent ces disputes pour distraire le peuple des problèmes sociaux et de la crise...


A la frontière, nous avons notre premier gros dilemme...il ne faut pas de visas mais nous devons payer la taxe touristique. Aucune alternative, nous payons ou nous retournons à San José oú nous aurons peut-être la chance d'obtenir une exonération...Nieves à encore quelques dollars en poche, nous décidons donc d'ajouter une exception à notre voyage confirmant que si nous n'étions pas européens ce voyage sans argent serein presque impossible...du point de vue légal tout du moins. Une vague de tristesse s'empare du groupe...non seulement parce que nous avons dû payer mais parceque les frontières sont décidément l'un des lieux les plus injustes sur terres. La planète ne connait pas de limites...nous devrions tous pouvoir nous déplacer d'un lieu à un autre sans documents ni justifications...

Stahlratte et Panama
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