
Les  lieux les moins visités tout comme les routes moins voyagées sont souvent les lieux les plus  accueillants, là où les gens sont les plus humains. Le Guyana est l'un  de ses  pays dont personne ne parle, ni les journaux, ni les  touristes...une contrée oubliée qui en devient plus que  mystérieuse.  Nous débarquons sur les terres guyanaises sans soucis grâce à la police  surinamaise qui  nous arrange la traversée gratuitement, parfois les  choses se présentent à nous sans même que nous le  demandions. Nous nous  étions rendu au poste de police pour un renseignement et ils se sont  sentis obligés de tout organiser pour nous. Résultat, 24 heures plus  tard, nous voilà au Guyana. A peine quelques pas au sortir de la douane  et nous sentons la différence avec les deux "autres Guyanes", une horde  de cris  et de visages nous assaillent , billets à la main pour nous  convaincre de monter dans leur bus, une bataille  perdue avec nous, deux  voyageurs sans sous. Dès qu'ils le comprennent, la horde s'écarte puis  se referme  aussitôt sur les nouveaux arrivés.
Nous  sommes entrés dans un nouveau monde, l'Europe est loin,  l'occidentalisme ne semble pas avoir  perduré ici comme au Suriname.  Nous découvrons un peuple différent, la peau plus obscure et les  sourires  plus éclatants, plus franc...plus humains. Premier pouce levé à  peine sortis et la première voiture s'arrête et  nous emmène sans  problème jusqu'au prochain village. Là, il semble que nous faisons  partie des très  rares touristes qui s'y promènent, tous nous regardent,  beaucoup nous interpellent pour nous serrer la  main, demander d'où  nous venons...et qu'est-ce que nous faisons ici, sans taxi ni autobus.  Les rencontrent  s'enchaînent, population d'origines africaines, Hindus  descendants du temps de la colonie anglaise,  musulmans, chacun avec ce  même respect, cette même curiosité et une générosité qui nous fait  sentir à la  maison.

Une  seule route mène à Georgetown, capitale du Guyana, une route tracée au  milieu d'une immense  savane traversée par quelques rivières, oasis de  palmiers et de cocotiers. Le long de la route s'étend une  ville  continue, des milliers de maisons de tout type s'élèvent de chaque côté  de la route formant un fresque  de couleurs et d'architectures  différentes. Ainsi, maison de bois sur pilotis, cabane de brique rouges,   édifices kitsh Hindus en bétons colorés de rose, bleu ou vert tapant,  commerces en tout genre, propriétés  luxueuses aux côtés de baraque  délabrée...Sur le bitume brûlant, des animaux se baladent en liberté,   vaches, cochons, ânes, les animaux ne sont pas attachés et sont la  cause de plus de 70% des accidents  de la route. D'ailleurs, nous aurons  nous même l'honneur de participer aux deux premiers accidents de  notre  voyage...en s'en sortant indemne! En voiture, pick up, camion, tous les  véhicules sont bons pour se  rapprocher de Mélanie, située à quelques  kilomètres de la capitale. De fait, le premier Guyaniens que nous  avons  rencontré à la douane, un Rastafari très inspiré nous avait sur le  champs invité à rester chez lui si  nous parvenions...Nous nous y  présentons le soir même à sa grande surprise et  nous initions à  l'anglais  rythmé des caraïbes et l'hospitalité et la gentillesse des  Guyaniens.

Le  lendemain, nous découvrons l'un des plus grand problème du Guyana, les  déchets...et tout  particulièrement les emballages de plastiques, verres  ou polystyrène gisant partout, sur les bord de  routes, en face des  habitations en tas pour être brûlés, dans les canaux...un désastre  écologique qui  montre toute son ampleur lorsque nous arrivons à  Georgetown, où réside la majeure partie de la  population, environs 400  000 âmes alors que le Guyana en compte 750 000. Une jeune fille marche  devant  nous tenant la main à son père, un gâteau dans la bouche, elle  laisse l'emballage plastique tomber sur le  sol, aucune réaction, geste  normal qui s'est inscrit dans les habitudes du lieu. Il pleut  régulièrement ici, des  pluies fraîches qui irriguent les terres dans la  campagnes et nettoient les rues de la ville, repoussant les  déchets  vers le bord des routes qui s'écoulent ensuite dans les canaux, qui se  déversent à grands flots  dans l'océan à quelques mètres de là. Un océan  où seuls quelques enfants se baignent, une plage  déserte, jonchée de  déchets rejetés par l'océan, d'objets insolites, frigo usagés, pneus de  voitures,  meubles détruits...et quelques feux que les habitants  allument par ci par là pour se débarrasser de leur  déchets.
Le  peuple Guyaniens est surprenant, un subtile mélange d'origines  africaines, américaines, européennes  et asiatiques qui cohabitent en  harmonie, respectant les croyances de chacun et s'identifiant tous avec   fierté comme Guyaniens. Nous retrouvons l'influence évangéliste, plus de  50 % de la population est  chrétienne non catholique, tous croient en  Dieu mais peu essaient réellement de protéger leur planète. Les  rues  sont animés, joyeuses, l'architecture est faite majoritairement de  construction en bois, dont la plus  grande église en bois du monde,  toutes peintes en blanc. Nous y passons quelques jours,  découvrant les   failles du système en terme d'éducation sur l'environnement, des  publicités vertes du gouvernement mais  aucune conscience populaire. Pas  de poubelles ni conteneurs publiques, des produits jetables de  partout,  aucune connection directe avec la nature...les dégâts d'une  croissance déréglée dans l'oubli des valeurs  de respect de la nature.

Une  troisième voyageuse nous rejoint, la copine de Raphael, Nieves,  originaire d'Espagne qui a décidé  de joindre l'aventure pour s'ouvrir  au monde et partager son existence avec les êtres humains. Dans les   rues de Georgetown, nous rencontrons aussi un groupe de volontaires  fraîchement débarqués d'Europe,  envoyés par l'organisation britannique  VSO, très bien organisé qui organise des échanges de  connaissance dans  le monde entier. Les volontaires se rendent sur place dans l'idée de  donner de former  les locaux sur différents aspects, économiques,  sociaux et environnementaux. Charlotte, une passionnée  de l'humanité  nous héberge pour quelques jours et nous permet de nous ressourcer avant  de repartir sur  les routes. Nous présentons aussi notre voyage aux enfants d'un orphelinat musulmans dans la capitale, une expérience riche qui nous motive à aller plus à la rencontre des enfants, espoirs pour un monde meilleur.
Mais  très vite, l'aventure nous appelle, nos pieds se font fébriles, il faut  se remettre en marche. Nous  partons un mati pour le Brésil, en effet,  une partie du Guyana est revendiquée par le Vénézuela et il n'y a  donc  pas de frontières officielles entre les deux pays...nous décidons donc  de traverser la jungle pour  rejoindre le Brésil et de là passer au  Vénézuela. Commence alors une épopée fantastique au travers de la   jungle à dos de pick up 4x4, camion de bois qui nous permettent d'avoir  une vue imprenable sur la route de  terre rouge et la forêt qui nous  encercle de toute part. Plus on s'éloigne de la capitale et plus nous   découvrons une hospitalité plus grande encore, on nous invite à manger,  à dormir en s'intéressant toujours  plus à notre histoire peu commune  dans ces parages. Nous entrons dans la réserve d'Iwokrama où vivent  les  indigènes, l'une d'elle, Paulette, responsable de la réserve nous  invite à dormir dans un petit village au  coeur de la réserve.  Ils  tentent de préserver leur culture et d'accueillir des touristes pour la  partager avec  eux. Nous y trouvons un peuple adorable, généreux et  hospitalier...qui malheureusement est contaminée  par l'alcool et la  modernité. Les soirs de fêtes, les hommes du village s'enivrent jusqu'au  petit matin faisant  fuir les éventuels touristes...

Sur  la route de nouveau, une route difficile avec les pluies récentes,  camions empêtrés dans la boue, nous  sommes chanceux toutefois, emmenés  par des conducteurs experts dans des 4x4 compétitifs comme le  fameux  "land cruiser" qui, d'après notre chauffeur, serait le véhicule préférée  de Ben Laden. Nous  parvenons à Lethem sans problème, à la frontière  avec le Brésil. Une nuit dans un hôtel après un délicieux  repas,  dernières preuves que l'hospitalité guyanienne est hors du commun puis  nous traversons la frontière  à pieds pour s'introduire de nouveau au  Brésil. Nous ne nous y attardons pas, traversant la savane  brésilienne,  passant une nuit à Boa Vista puis de nouveau au travers d'une réserve  naturelle, splendide,  protégée par le gouvernement et réservée aux  indigènes, pour rejoindre la frontière avec le Vénézuela.
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