vendredi 27 août 2010

Dans les Guyanes...

La guyane s’offre a nous avec sa forêt merveilleuse qui s'élève de part et d’autre de la route qui nous mène a Cayenne. La pluie a cessée, violente, elle s'était abattue subitement sur nous. Peu à peu le concert de cris et de chants d’amour reprend depuis les profondeurs de la jungle. Une brume s'élève de la cîme des arbres enveloppant nos regards d’un voile mysterieux. De l’autre côté de l’atlantique, la guyane est appelée l”enfer vert”, nous comprenons très vite que seuls les ignorants l’appellent comme ça. La guyane, s’est plus un paradis enchanteur doté d’une diversité unique, d’une faune et flore riche qui se déploie sur plus de 90 % du territoire. Une certaine magie se dégage de derrière ces hauts murs de natures, une force attractive qui nous pousse à nous y aventurer faisant sauter nos taux d'adrénalines.

En marge de cette forêt intrigante s’est développée une petite société initié il y a plus de deux cent ans par les colons français. Ils décimèrent les populations indigènes et importèrent esclaves d’Afrique pour construire leurs campements. C'était un pays difficile a maîtriser mais le sang d’esclave ne coûtait pas cher et les français étaient trop attachés à leur petit bout d’Amerique et aux sols riches en or de la Guyane. Lorsque l’esclavage est aboli, l'état se trouve une nouvelle main d’oeuvre avec les bagnards exportés de France où il ne pourront jamais y remettre les pieds. Ils prennent le relais des esclaves et construisent routes, édifices et chemins de fer. Vinrent ensuite les réfugiés Hmong de l’Asie du Sud-est durant la guerre d’indochine.

Aujourd’hui, la population reflète cette histoire troublante, la majorité est “créole”, dénomination que les indépendantistes n'apprécie guère. D'après eux, ils sont Guyanais. Ces indépendantistes sont souvent critiqués...travaillant eux-même majoritairement pour l’Etat. A leurs côtés, pas mal de “metros” travaillent dans les écoles, hôpitaux pour des durées courtes, les Hmongs s’occupent majoritairement de l’agriculture et contrôlent les marches locaux. Depuis une trentaine d'années, de nouvelles vagues d’immigrations ont pénétré la Guyane, les Haïtiens, les Brésiliens qui s’infiltrent souvent illégalement pour pratiquer l’orpaillage ou aspire simplement a une vie meilleure, les Latinos, les Saramacas, gens du fleuve qui fuyaient le régime hollandais et les chinois qui ont récemment pris la tête de tous les commerces alimentaires, épiceries jusqu’au Super U! Ce melting pot est enrichi par le communautés indigènes qui vivent le long des fleuves et dans la forêt.
Notre arrive a Cayenne fut suivi d’un choc. Nous qui cherchions à s'éloigner le plus possible de l’Europe, nous y revoici plongé. La végétation luxuriante, le climat tropical et le sourire exotique de la population n’’y font rien, nous sommes bel et bien en Europe avec ses règles, ses fiscalisations, ses surfaces commerciales, son Euro. Un euro qui attire et séduit toutes les populations alentours. Le dernier Référendum pour une Guyane plus autonome a été rejetée par le peuple. En effet, la France joue ici une vraie partie de poker, bluffant à tour de bras et imposant sa main d’experte sur la table des décisions. Le RMI et autres aides sociales sont octroyées sans peine...l’administration tendrait même à distribuer ces aides plus facilement qu’en France pour amadouer les citoyens. La Guyane, docile, se retrouve apprivoisée devant ce maître malingre qui n'hésite pas a aveugler le peuple avec des belles promesses de salaires, belles voiture et produits en tout genre...importés de France. D’un point de vue écologique, le bilan est désastreux. La majorité des produits sont importés de France et mis en vente a des prix exagérés, l’industrie locale ne se développe pas, certains produits même, issus du Brésil, grand producteur, doivent être envoyés en France pour passer les tests d'hygiènes pour ensuite revenir sur le continent américain pour gonfler les rayons des supermarchés guyanais...un coût écologique pour chaque produit insoutenable. Ces règles sont absurdes d’autant plus que d’un autre côté, d’autres règles dites européennes ne sont pas respectées, le recyclage n’est pas développé, aucun conteneur de tris...des déchets dans les rues et les canaux qui fuient vers l’ocean. D’un point de vue social, là aussi, la situation est compliquée...un manque d'identité évident dans un pays d’amerique du sud sous contrôle européen, pas d'unité, ségrégations et racisme...tout ça pour un peu d’or, une station spatiale, un parc naturel, du bois...et un orgueil francais demesuré.
Malgré tout, la Guyane reste un endroit très plaisant, tranquille, un soleil de plomb et des excursions fantastiques en forêt ou au bord de la rivière. Nous y rencontrons Gabriel et Joanna, un couple UrugayoFrancais grâce à Couchsurfing, un réseau de citoyens du monde qui partage leurs logements avec le monde. Grâce à eux, nous faisons la connaissance de tout un groupe de jeunes “métros” qui nous accueillent comme leurs propres frères. Nous restons un mois en leur compagnie le temps de refaire le passeport et obtenir les visas pour le Suriname. nous en profitons pour admirer la beauté de la forêt amazonienne où tout est plus majestueux, plus vert, plus dense et plus sonore. Nous voyageons un peu en auto-stop pour se retrouver au bord du fleuve de la conté où nous passons deux merveilleux jours dans un carbet grâce à la générosité des Martiniquais! Nous recyclons pas mal de nourriture à Cayenne...en particulier auprès des boulangeries et au marché local.
Durant cette longue escale, nous sommes confrontés au premier -et espérons dernier- obstacle administratif et nous découvrons que vivre sans argent est très possible...en restant en dehors des chemins adminsitratifs! Il faut payer le passeport...ainsi que les visas. Même le Directeur de la Mairie de Cayenne aura tout essayé...rien à faire. Nous devons donc enfreindre notre règle. Avec les visas, nous pouvons donc finalement repartir sur les routes en faisant nos adieux a notre famille adoptive, Gabriel et Joanna, Virginie, Seb l’aventurier, Kami, Laurence, Fabien Vanessa, Reena et les autres...

De nouveau sur la route, nous n’avons aucune peine à faire du pouce et en une journée nous sommes à Saint-Laurent, pour traverser le Maroni et s’introduire au Suriname. La traversée s’organise sans problèmes grâce à Pascal et Tiphaine, deux adorables âmes bienveillantes, qui usent de leurs contacts...quelques coups de fil et nous voila sur la barge pour Albina. Nous y rencontrons Carole et Jean-Yves au volant de leur beau Land-Rover. Ils vont à Paramaribo pour assister à l’investiture du récemment élu président Bouterse. Il fut élu légalement mais pas mal de doutes tournent autour de ses actions passées...il promet toutefois le changement! Le Suriname nous offre un beau spectacle, la forêt couvre là aussi la majeur partie du pays repoussant les villes vers les côtes. Paramaribo en est la capitale, une jolie ville faite de maisons en bois au style hollandais avec des canaux qui séparent les quartiers...Ce pays devenu indépendant en 1975 respire toutefois la Hollande...
Nous ne nous attardons pas et nous dirigeons très vite vers Neckerie au bord du fleuve qui sépare le Suriname du Guyana. Cette petite ville nous donne un apercu de la société surinamaise. Tous parlent Hollandais quelques soient les origines qui sont très diverses. Dans ce pays, Chrétiens, Musulmans et Hindous se côtoient en paix. Suite à la colonisation anglaise puis hollandaise, la population d’origine indienne et pakistanaise représente plus de 30 % de la population. Les maisons sont toutes en bois sur pilotis pour la plupart situées au bord de petits canaux où se déversent les ordures...malheureusement la conscience écologique est ici très limitée..tout se jette dans la nature et personne ne s’en offusque...sur les bords de rivières on peut trouver vielles carcasses de voitures, frigo, boites de conserves et autres déchets plastiques. Les cultures de riz et de cannes à sucre sont arrosés de pesticides mortels...venus d’Europe et de Chine, les poubelles se brûlent sur les bords de route...pas de système de recyclage et une collecte de déchet mal organisée....Le spectacle est navrant, mais les habitants d’ici ne sont pas plus responsables que ceux qui alimentent leurs désirs de matérialisme...


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