jeudi 21 octobre 2010

Fascinant Vénézuela...

L'excitation monte alors que nous franchissons la ligne imaginaire à pied qui sépare le Brésil du Vénézuela, nous sommes si curieux à l'idée de traverser l'un des rescapés du socialisme à l'américaine, le pays de Chavez et sa révolution rouge. Un contrôle très limité, un simple tampon, pas de formulaire à remplir et nous voilà en Amérique Latine, de nouveau la langue espagnole qui s'échappe en chantant de la bouche des Vénézuéliens, la musique rythmée dans les rues colorées des villes, petites charrettes qui vendent de la nourriture, sourires... un vrai bonheur d'autant plus que nous découvrons une hospitalité et une générosité qui vont encore au-delà de ce que nous avions connu aux Guyanas ou ailleurs. A peine un geste et nous voilà à l'arrière d'un pick-up, un simple mot et on nous offre du pain et à manger...

Nous nous retrouvons très vite sur la route de la grande Sabana, une réserve naturelle protégée et entretenue par les indigènes qui sont les seuls à pouvoir y vivre. Les paysages sont à couper le souffle, de grands plateaux entourées de forêt humides, des hautes montagnes sacrées- les Tepuy qui seraient d’après les locaux les plus vielles montagnes au monde- d'où s'écoulent des centaines de rivières qui forment des cascades magnifiques dont le fameux "Salto Angel", le plus grand saut du monde à plus de 900 mètres...Nous y passons la nuit au frais, pour se baigner au petit matin dans l'eau noire et vivifiante de la rivière puis nous partons à pied sur la route, après une marche saine, un pick up s'arrête, il nous emmène dans un petit village, nous y rencontrons des indigènes, généreux ouverts, supporters de Chavez car c'est lui qui a créé cette réserve et à mis en place un statut avantageux pour les indigènes. Ensuite nous traversons le pays en passant par Ciudad Bolivar, ville du nom du "libertador", Simon Bolivar qui libérera du joug espagnol le Vénézuela en 1821 puis la Colombie, la Bolivie, l'Ecuador le Panama et le Pérou. Il reste le grand personnage de cette partie d'Amérique du Sud, chaque ville du Vénézuela a une place à son nom. Une adorable famille nous invite à dormir dans son hotel pour que nous fêtions l'anniversaire de Raphael dans le confort. Le lendemain nous avançons rapidement de camion en camion pour finir dans la cabine de Claudio Rafael, un chauffeur attachant, avec sa bouteille de whisky sous le siège et ses histoires compliquées, qui nous emmène jusqu'à Puerto de la Cruz, sur la côte. La ville est chaotique, sale, polluée, une ambiance repoussante qui nous inspire dès le lendemain à partir pour l'Ouest à la découverte des plages paradisiaques des Caraibes.
Tout au long du chemin, nous avons l'occasion de découvrir la perspicacité et la curieuse conscience politique des Vénézuéliens. Impossible de se faire une idée claire sur le gouvernement révolutionnaire de Chavez tant les mensonges et les histoires fabuleuses se répètent que ce soit de la part de ses partisans ou de l'opposition. Sa grande victoire d'après nous, au premier coup d'oeil est d'avoir permis au peuple de se développer des opinions claires et précises sur la politique. Tous s'y intéressent, en discutent, en débâtent avec plus ou moins de violence. Sa grande défaite aura été cette division qui mine le pays. Sur le champ de bataille, chaque camp rivalise à armes égales, les Chavistas d'un côté, majoritairement les plus pauvres, les alternatifs et employés du gouvernement, personnes séduites par le socialisme, la société de Cuba ou simple travailleurs sensibles à la propagande intensive du chef de l'état, de l'autre, les anti-Chavistas, plutôt riches, propriétaires, commerçants, personnes avec un niveau de vie aisé qui protestent contre les expropriations, veulent plus de liberté et s'offusquent du peu de progrès apporté par la politique de Chavez. Difficile pour nous de se situer, nous constatons les bienfaits des réformes socialistes ainsi que les bonnes paroles de Chavez telles que:"Vivre bien, ce n'est pas vivre mieux que les autres", théorie qui l'amène à promulguer une égalité "par le bas" comme le critiquent ses détracteurs. Pourtant, il a instauré des universités gratuites, des centre hospitaliers pour tous, un salaire minimum modeste mais suffisant pour vivre, des campagnes d'alphabétisation, une éducation pour tous, une politique agricole pour subvenir aux besoins de tous avec un contrôle de l'état...de belles réformes qui contrastent malheureusement avec la réalité des choses. Au côté du slogan "Patria socialista o muerte" les McDonalds, Coca-Cola et autres grands groupes séduisent le peuple, l'inégalité croit ainsi que l'insécurité, 15 millions d'armes illégales dans un pays d'à peine 27 millions d'habitants, une politique anti-capitaliste mais une classe très riche, des entreprises de profit, les Etats-Unis comme premier partenaire économique...et le pétrole, la ressource numéro 1 du pays qui polluent ses plages et ses forêts pour dégager de l'argent qui n'atteint pas toujours les caisses de l'état. Avec un euro, on fait le plein là-bas, une essence ridiculement "donnée" est un trafic infernal...
Un manque de cohérence évident dans un contexte difficile, tout comme dans les Guyanes, la conscience écologique est presque inexistante, des déchets dans les rues, dans les rivières, des plages paradisiaques entachées par des boites de conserves, bouteilles de bière et autres déchets plastiques... Un pays au potentiel fabuleux, riches en ressources avec des paysages splendide, un peuple adorable et humain...mais un passé lourd en exploitation, corruption et désillusion. Aujourd'hui, une société divisée, chaotique, prise dans les contradictions idéologiques, avec chaque citoyen qui se préoccupe plus de son président que des actions qu'il pourrait entreprendre pour rendre sa vie meilleure. Caracas est à l'image de cette société, une ville immense plongée entre les montagnes andines, polluée, déréglée, résidences luxueuses et électrifiées avec favelas à ses pieds comme des sangsues qui les paralysent, un lieu d'inégalité où les plus riches se renferment un peu plus chaque jour sur eux-mêmes, par peur, par égoisme, creusant un précipice toujours plus grand avec leurs frères et soeurs...
Malgré toutes les difficultés que le peuple vénézuélien rencontre, chaque personne que nous rencontrons est adorable avec nous, généreuse, n’hésitant jamais à nous donner la main, un peu de nourriture ou un “aventon” jusqu’au prochain village. Nous découvrons les plages des caraibes dans un petit village du nom de Sabana, Braulio, un être fascinant, artiste peintre qui se présente comme un enfant de la Pacha Mama et colore les murs des endroits qu'il visite. Il nous permet de se reposer dans sa demeure au bord de la plage avant de partir pour la capitale. Caracas est impressionnante, une ville énorme nichée entre les montagnes, beaucoup de pauvreté...Nous y restons une dizaine de jours pour se refaire une santé grâce aux adorables Ruby et Eberhart qui nous accueillent et nous dorlotent durant une bonne semaine. Autour de Caracas nous découvrons la colonia Tovar, une ancienne colonie d’allemands qui sont venus s’installer au 19eme siècle pour diversifier l’agriculture et qui sont restés jusqu’à aujourd’hui. Il ne reste que les descendants, mais l’architecture est surprenante, à 2000 mètres d’altitude, au frais, on se croirait en Suisse...
Nous continuons notre route au bord de la côte pour arriver dans un petit village du nom de Puerto Maya ou nous rencontrons au hasard un petit groupe de pécheur qui se rendent à Choroni en “lancha”. Ils nous invitent chaleureusement dans leur barque et nous pouvons longer les montagnes abruptes, pointe des hauteurs andines qui terminent leurs chevauchée du continent américain dans l’eau transparente de la mer des caraïbes. Après une petite heure nous parvenons à Choroni, un petit village charmant de pêcheurs aux couleurs vives et à l’ambiance festive avec une plage magnifique bordée d’une forêt de cocotier et une eau savoureuse...

Nous poursuivons ensuite jusqu’à Chichiriviche, un autre petit village touristique où nous rencontrons des artisans très sympas, péruviens, argentins, citoyens du monde latins qui parcourent l’Amérique Latine en vendant leurs joyaux. Les bords de plage sont malheureusement assaillis par les “miniteckas”, discothèques ambulantes installée à l’arrière des voitures, les parkings en sont pleins...Et nous décidons donc de chercher la tranquillité ailleurs. Nous suivons la côte jusqu’à Coro, une petite ville coloniale, l’un des joyaux du Vénézuela assailli par les pluies diluviennes qui s'abattent sur le pays depuis quelques semaines. Certains parlent de changement climatique, cette année, ici et ailleurs fut l'une des plus humides pŕovoquant de grandes inondations un peu partout. Les villes du Vénézuela ne sont pas préparées pour le déluge et les rues se transforment souvent en rivières! Nous partons ensuite rejoindre Maracaibo, un autre monstre de béton où nous retrouvons sans grâce la pollution, les rues jonchées de plastiques et autres déchets...une ville où nous ne nous arrêtons que pour recycler un peu de nourriture, se laisser offrir une séance de cinéma par le centre commercial et dormir à l’hopital! En effet, nous avons essayer de se faire inviter mais la peur ronge les coeurs, les portes restent fermées et nous perdons l'occasion de partager notre expérience! Le lendemain nous filons au travers de la Guajira pour rejoindre la Colombie...tout se passe à merveille, comme tout au long de notre traversée du Vénézuela, tout suit son court sans soucis. Les Vénézuéliens sont jusqu’ici, l’un des peuples les plus généreux que nous avons rencontré, l’Auto-stop n’a jamais aussi bien marché, nous avons mangé comme des princes et rencontré des centaines de personnes intéressantes et intéressées avec qui nous avons pu partagé un peu de notre aventure...

Une certaine nostalgie s'empare de nous alors que nous quittons le pays...La rencontre avec le peuple vénézuélien et ce pays magnifique nous aura touchée, c'est sûrement l'un des pays les plus intéressant de tout le continent, avec Chavez et tout un groupe de gens qui cherchent á trouver une alternative au système capitaliste...malheureusement nous sommes forcés de constater une fois de plus qu'il subsiste une manque de foi en l'humain partout où nous allons ainsi que cette croyance que l'un tout seul ne peut rien faire. Ce constat nous anime encore plus pour continuer notre route et montrer que chacun de nous a le pouvoir de changer, de participer à notre propre évolution. Nous sommes tous connectés, unis, le moindre de nos mouvements, la moindre de nos pensées influence le monde...


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La traversée de l'Atlantique
La decouverte du bresil
Dans les guyanes
Du Guyana au Venezuela

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